Tourné entièrement au Canada dans la région de Winnipeg – l’action se passe au Nunavut – , présenté au festival cinématographique Berlinale en 2014, le film Aloft (version française L’Attrape-Rêves) mais ne sort sur les écrans français que le 26 octobre 2016.
CASTING : Mélanie Laurent – Jennifer Connelly – Cillian Murphy
Incompris des critiques, ce film d’auteur n’est pourtant pas décalé avec le titre de 7ème art attribué au cinéma par l’un des pionniers de la critique cinématographique.
L’art est un sujet qui intéresse les philosophes, comme Hegel : « D’une façon générale, le but de l’art consiste à rendre accessible à l’intuition ce qui existe dans l’esprit humain, la vérité que l’homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agite l’esprit humain. […] C’est ainsi que l’art renseigne l’homme sur l’humain, éveille des sentiments endormis, nous met en présence des vrais intérêts de l’esprit…»
L’Attrape-rêves n’est pas un film grand public malgré des images magnifiques du nord canadien : les grands espaces glacés sont magnifiquement bien rendus mais peuvent laisser sur leur faim ceux qui s’attendent à un beau livre d’images ; le côté esthétique cède à l’austérité du Grand Nord. La nuit polaire ne nous fait pas admirer l’aurore boréale mais fait sentir la peur et le froid. La Nature n’essaye pas de nous plaire, ni de nous émerveiller en nous invitant à un « tourisme polaire » ; elle ne fait qu’exister dans toute sa réalité et sa supériorité sur les humains. La force mystérieuse de la Nature – et plus généralement celle de la vie – réside dans une dimension supérieure, inatteignable, que nous ne pouvons pas posséder, ni comprendre. Ne faut-il pas l’accepter humblement ?
Malgré son approche philosophique sur les questions existentielles humaines, L’Attrape Rêves de Claudia Llosa n’est pas un film contemplatif comme le furent certains films scandinaves mais il reste incontestablement exigeant et n’a rien du blockbuster ; ceci dit, ce film n’apporte aucune réponse certaine mais pose des questions essentielles, nous demande un temps de réflexion et de recherche personnelle.
Pour se faire apprécier l’œuvre exige beaucoup d’attention et de concentration, un peu de labeur et une certaine sensibilité en fonction du degré de notre « spiritualité », de nos expériences de vie, de nos approches de la douleur, de la beauté …
Quelques citations tirées du film qui vous parlerons ou pas…comme on peut aimer ou pas une œuvre d’art…
« C’est notre obsession de la santé physique parfois au détriment de celle de l’âme »
« La douleur est inévitable »
« On veut toujours tout posséder. Mais ça nous détruit »
« On demande que l’amour de l’univers entier soit expliqué, examiné pour nous, tandis que c’est à chacun de faire ce travail »
« Le bien-être exige l’acceptation de l’incertitude… «
Les symboles sont nombreux mais chacun les interprètera ; les espaces immenses, l’oiseau, la quête de l’enfance et la relation à l’autre ; la définition de ce qui est essentiel à la vie humaine …
La réalisatrice a expliqué son propre cheminement créatif :
« Je suis obsédée par les environnements hostiles, les espaces désolés, en marge des grandes villes et de la modernité. Ces paysages sauvages et oppressants nous conditionnent et en même temps, nous maintiennent en vie. Ce sont de possibles métaphores de la dureté et de la beauté de l’existence ».
Je pense après avoir vu ce film qu’il faut encourager celles et ceux qui portent un regard sensible et humain sur la vie, sur le cheminement que nous faisons dans notre existence et notre quête de sens, à aller le voir.
Enfin, le choix du Grand Nord canadien n’est pas non plus innocent ; face aux grandes étendues, à la volonté de retrouver le nord, le sens, face à la beauté austère, dépouillée mais puissamment fascinante, le symbole est évident. On va vers le Nord pour se retrouver, pour se questionner, pour respirer l’essentiel.
la bande-annonce du film : https://vimeo.com/184686266
Par Julia Rugens
Julia Snegur
Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication
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