Roissy Charles de Gaulle : l’avion s’envole laissant derrière lui la grisaille parisienne et poursuit sa route vers Oslo, sous le soleil. Sous le moutonnement des nuages légers, la mer et ses camaïeux de bleus et verts … On se croirait en été ! Mais à l’approche d’Oslo, une voûte blanche nous recouvre avant que la nuit ne s’impose. Nous débarquons sous la neige et dans un froid vif. Sur le tarmac c’est un ballet de véhicules chasse-neige.
Après avoir récupéré nos bagages, nous rejoignons la correspondance pour Tromsø, ville au-delà du cercle polaire, départ des aventures polaires. La nôtre, plus modeste, nous emmènera de Tromsø jusqu’à Svolvaer sur les îles Lofoten.
Arrivées à l’aéroport de Tromsø, nous montons à bord du bus qui dessert le centre ville.
La femme, grande et robuste, qui conduit le bus, charge et décharge les bagages à chaque arrêt, atteste de la place des femmes dans la société Norvégienne.
Quand on arrive à Tromsø à 19 h, en plein hiver et sous des bourrasques de neige, pour embarquer sur l’express côtier à 1 h 30 du matin, on se sent un peu désemparées : oú déposer les bagages, où dîner ? C’est sans compter avec l’accueil chaleureux de Scandic Ishav hôtel, situé sur le port, juste à côté du point d’accostage des bateaux de la fameuse compagnie Hurtigruten, fondée en 1860 (qui signifie routes rapides). Ils offrent ainsi aux SBF (sans bateau fixe) de quelques heures, la possibilité de se délester de leurs bagages pour aller découvrir le petit centre ville et, notamment, son église de bois norvégien.
En revanche, la nuit froide polaire nous dissuade de traverser le grand pont pour rejoindre la belle cathédrale arctique. Nous nous contentons d’en deviner les formes géométriques soulignées de lumière.
Difficile de trouver un restaurant digne de ce nom, un dimanche soir d’autant que le froid n’engage pas à musarder. Nous décidons finalement de dîner à l’hôtel et nous ne le regretterons pas !
Le cuisinier, un jeune polonais qui a parcouru l’Europe pour exercer son métier, s’arrêtant même à Jersey et Guernesey, propose une cuisine délicieuse.
Il n’hésite pas non plus à agencer son menu pour combler vos souhaits. Ainsi, nous servira-t-il un cabillaud et sa purée maison … On en redemanderait ! Mais nous nous réservons pour ses desserts étonnants comme, en autres, son chocolat accompagné de sa compotée, subtil mélange de betteraves, framboises et autres baies, saupoudrés de piment et servis avec un sorbet de framboises rafraîchissant.
Après ce bon repas, nous apprécions le confort du grand salon et ses fauteuils accueillants.
Quel plaisir de contempler, bien au chaud, à l’abri des grandes baies vitrées, les collines alentour scintillantes de milles lumières qui se reflètent sur les ondulations de la mer.
Le plafond aux suspensions lumineuses ,telles de grosses boules de Noël, et les photophores, disposés çà et là, ajoutent au bien-être.
Mais ne nous endormons pas … il est l’heure de s’emmitoufler pour affronter le froid et suivre le chemin court mais glissant jusqu’au bateau qui vient d’accoster. Une fois l’escalier de fer gravi, nous sommes accueillies chaleureusement et nous découvrons le décor raffiné du Nordnorge, aux influences Art Déco.
Nous rejoignons notre cabine. Un petit tour sur le pont où souffle un froid mordant, avant de retourner à la cabine pour un repos bien mérité.
Le lendemain matin c’est un petit déjeuner exceptionnel qui nous attend. Outre le buffet proposant des spécialités norvégiennes, c’est un paysage magnifique qui défile sous nos yeux, tel un film sur grand écran… Nous ne savons où donner de la tête !
La blancheur et la douceur des paysages sont lénifiantes et apportent une sérénité que rien ne vient troubler. Tout est calme, feutré ; chaque passager semble y participer et apprécie cette paix.
Tout l’équipage est particulièrement attentif et serviable.
La journée se déroule entre contemplation, photos, lecture, balades sur le pont. Nous profitons d’un court arrêt à Stockmarknes, pour visiter au pas de charge le bateau Finmarken, construit en 1960, devenu musée. Le confort semble dépassé, et cette impression est accentuée par le froid, comparé au confort feutré du Nordnorge.
Le bateau poursuit sa route vers Svolvaer fendant le manteau blanc épais qui nous enveloppe.
Au 7ème étage, dans le très beau salon panoramique, nous nous installons aux premières loges tel le capitaine derrière son gouvernail. Peu à peu le paysage s’efface et n’apparaissent plus que quelques lumières ça et là.
La nuit s’est imposée en douceur.
Nous débarquons à Svolvaer et, sous la neige, nous rejoignons notre hôtel. Plus tard, nous dînons dans la grande salle à manger qui surplombe l’eau comme la proue d’un navire ; c’est comme si nous étions encore sur le Nordnorge.
Le lendemain matin, après un bon petit déjeuner, nous prenons possession de notre voiture et partons à la découverte des Lofoten. Le ciel est couvert mais très vite, et pour notre plus grande joie, le soleil apparaît timidement diffusant une luminosité opalescente sur le paysage enneigé.
Au fil de notre route, il se fait plus radieux.
Devant nous, la route est blanche et s’élance vers un paysage de carte postale.
Plus loin, nous prenons la direction de Henningsvaer,
La route sinueuse nous offre à chaque virage un spectacle magnifique où le soleil, à travers les nuages, teinte la mer et les montagnes d’une lumière rose et dorée.
Le ciel parfois devient opaline.
Sur le bord de mer, les grands séchoirs, tels des tipis débarrassés de leurs toiles, attendent que les pêcheurs viennent y suspendre les cabillauds qui sécheront au grand air marin.
Nous franchissons enfin le pont qui relie Henningsvaer, charmant village de pêcheurs aux maisons blanches, rouges et vertes, à la terre ferme.
Puis nous poursuivons notre route, toujours enchantées.
Notre plan de route qui devait nous conduire jusqu’à Reine et Å s’arrête finalement à quelques kilomètres de Leknes. Car ici il faut compter avec la nuit qui s’installe dès 16 heures.
Aussi, faisons nous une pause dans une petite épicerie Spar où nous faisons quelques courses pour un déjeuner tardif que nous prenons sur place, le personnel nous invitant très gentiment à nous installer au coin café mis à disposition des clients.
Après cet arrêt sympathique, nous rebroussons chemin. Les paysages se teintent peu à peu de bleu avec le jour qui s’en va.
Nous arrivons à Svolvaer avec la nuit non sans avoir fait quelques détours pour découvrir les petits hameaux en bord de mer ou blottis entre deux montagnes.
Nouvelle journée avec, à l’horizon, un lever de soleil rouge orangé qui annonce le beau temps. En face de l’hôtel, les maisons, aux fenêtres éclairées, se reflètent dans l’eau. Derrière les séchoirs triangulaires, le ciel s’embrase petit à petit. La nuit s’incline.
Nous prenons un copieux déjeuner avant de partir à bord d’un bateau pour une excursion de trois heures, à la rencontre des aigles de l’océan. Mais pas seulement …. Ce qui nous attend est exceptionnel de beauté.
Nous rejoignons la guide dans un hôtel proche. Après une présentation des Lofoten et de la faune locale, elle nous invite à embarquer. Une fois sur le bateau, elle nous conseille vivement de descendre enfiler une combinaison spéciale grands froids …. Nous faisons très vite la différence et apprécions ce confort ! En effet, le froid est intense et mordant d’autant que l’embarcation avance à vive allure. Les mains sont particulièrement exposées … difficile de prendre des photos avec des gants !
Nous pénétrons un monde de rêve … un paradis !
Derrière un voile diaphane aux nuances dorées, roses et bleutées, se découpent des chaînes de montagnes dentelées.
Au-dessus de cette ligne d’horizon, un ciel azur parsemé de nuages transparents et légers. Plus loin, les montagnes aux sommets roses baignent dans une atmosphère bleutée et se reflètent dans la mer. Quelques nuages viennent s’y poser, telle une écharpe. La mer est irisée.
Sur les rivages s’accrochent quelques villages. Des rorbus aux couleurs joyeuses se mirent dans l’eau calme créant un tableau aux lignes ondulantes.
Le bateau progresse croisant un îlot, havre de repos des cormorans et autres oiseaux des mers. Ça et là, au milieu de sapins, quelques petits chalets emmitouflés de neige.
De temps en temps, nous descendons nous réchauffer les mains et les pieds. Le café et les biscuits mis à notre disposition nous apportent un agréable réconfort.
Puis le bateau s’engage dans un défilé de montagnes qui aboutit à une hanse.
Ici le froid est encore plus intense. Des stalactites tombent des parois rocheuses qui plongent à pic dans l’eau qui se fige en une nappe blanche gelée.
Le bateau s’en repart. L’équipage vient de sortir deux marmites de soupes fumantes. Nous savourons avec un plaisir extrême ce breuvage.
Puis vient le moment tant attendu d’observer, s’ils veulent bien se montrer, les aigles de mer.
Pour le moment, c’est un vol de mouettes qui suit notre sillage et attrape le pain que nous leur lançons.
Un membre de l’équipage émet alors un sifflement à l’attention des aigles.
Haut dans le ciel, l’un d’eux dessine des arabesques et soudain s’abat sur le poisson qui vient de lui être offert.
Difficile de suivre sa chute vertigineuse puis son envol vers son refuge.
Heureusement un autre viendra et sera immortalisé, sa prise entre ses serres.
Au loin, ses congénères scrutent la mer de leur poste d’observation. Il ne reste que les mouettes fidèles, dansant dans le ciel. Nous les distançons pour rejoindre le port.
Nous arrivons dans la lumière douce de ce début d’après midi qui d’ailleurs fait plutôt penser à une belle fin d’après-midi. Le bateau se fraie un chemin entre les rorbus dont les façades rouges dessinent leur double sur l’eau.
Le bateau accoste et nous mettons pied à terre, dans une neige poudreuse.
Avant de prendre la longue route pour Harstad, au nord des Lofoten, nous faisons une pause gourmande dans un salon de thé d’Alice au pays des merveilles ! En effet, ici tout est couleur, surprenant, original, enchanteur : de vieux meubles repeints vivent une seconde vie, un vieux lit en fer se transforme en une accueillante banquette, une vieille caisse à clayettes fait office de banc, partout des objets chinés apportent leur touche au décor, des théières et cafetières sont devenues lustres au-dessus des tables fleuries…..
Nous quittons ce cocon et laissons Svolvaer derrière nous.
Le long ruban qui nous conduit à Harstad nous fait découvrir, sous le soleil déclinant, des panoramas sublimes.
Sur la route de longs tunnels aux ambiances fantasmagoriques percent les montagnes et, parfois, à leur sortie, des bourrasques de vent et de neige nous surprennent.
A l’approche d’Harstad, il se fait nuit. Derrière les fenêtres des maisons, brillent lampes et bougies conférant au paysage une ambiance féerique.
Nous arrivons enfin à l’hôtel posé sur le front de mer. L’accueil, comme il en est depuis le début de notre séjour, y est chaleureux.
Le lendemain, il pleut abondamment sur notre dernier jour de vacances compromettant toute promenade. Nous sillonnons malgré tout les collines et péninsules environnantes qui sont autant de quartiers paisibles aux maisons cossues.
Dans l’après-midi, le froid qui tombe sur le sol mouillé transforme les rues de la ville en une véritable patinoire interdisant de mettre pied à terre !
Nous rentrons à l’hôtel et préparons notre départ pour le lendemain matin.
La neige, qui est tombée toute la nuit, a recouvert la ville et rend les pas plus assurés que la veille. Nous prenons la route pour la dernière ligne droite de notre voyage qui nous conduit à l’aéroport d’Evenes, à 40 kilomètres. La prudence est toujours de mise et même si nous sommes parties tôt, une légère inquiétude est là … Va-t-on arriver à l’heure ?
Tout en roulant, nous découvrons le quotidien des norvégiens qui partent au travail quand il fait encore nuit. La route blanche est belle, éclairée par les lampadaires ; les fenêtres des maisons sont autant de petits carrés lumineux dans le petit matin.
Au fil des kilomètres, le jour prend le dessus, les lumières s’éteignent comme à la fin d’un spectacle.
Nous filons vers notre avion et laissons derrière nous un très beau pays, des norvégiens très accueillants, disponibles et serviables.
Mais nous emportons avec nous des images et souvenirs inoubliables.
Un jour nous reviendrons pour vivre et découvrir ce pays au soleil de minuit.
Nord Espaces
Nord Espaces est un voyagiste spécialisé et indépendant depuis sa création. Ce que nous considérons comme notre force est avant tout notre équipe : stable, passionnée et internationale, parlant les langues des pays proposés et ayant une vraie connaissance de nos destinations, toutes sans exception parcourues, preuve à l’appui.
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