Le thème du voyage, de l’ailleurs, du mouvement est largement présent dans la littérature, dans la musique, dans les arts de manière générale.
Bruno Catalano, artiste sculpteur a créé une série d’œuvres originales, tant par la technique qu’il a utilisée que par le pouvoir de suggestion ou la force qui s’en dégagent : les Voyageurs. Œuvre d’art remarquable et remarquée, la série Voyageurs touche d’abord l’esprit par sa beauté intrinsèque. Mais si le sculpteur touche notre sensibilité c’est aussi à notre intelligence qu’il s’adresse.
Un bon professeur m’avait enseigné à vivre par séquence : l’approche semble d’abord compliquée parce qu’elle consiste à se concentrer sur la séquence de vie en évitant de la relier à d’autres pans de notre existence. Je m’en sers de temps à autre et toujours lors de mes voyages. A l’instant même où l’avion décolle, il faut savoir se détacher de sa réalité solidement construite et abandonner son personnage comme certains animaux abandonnent une peau devenue inutile : puisque les mécanismes et les habitudes n’ont plus lieu d’être, tous les sens doivent être en éveil sans entrave. Observez, écoutez, sentez, parce que désormais vous n’êtes plus cette personne connue de ses voisins ou de ses collègues : en voyage, vous êtes une personne nouvelle, et donc fragile face à l’univers avec tant d’inconnu.
Le voyageur de Bruno Catalano est un homme laissé à lui-même, à sa fragilité, mais aussi aux possibles : tout son univers et son être sont enfermés dans la valise qu’il emporte avec lui – comme ce fut mon cas autrefois, au tout début de ce siècle, avec ma vieille valise, débarquant en France dans un inconnu total. Les sculptures font écho à l’œuvre dessinée de Shaun Tan « Là où vont nos pères » (Editions Dargaud) mais aussi à ce mouvement qui anime tous les voyageurs qui cherchent cet ailleurs mais partent pour revenir.
Le voyageur de Bruno Catalano marche vers son salut autant que vers sa perte. Bien évidemment Bruno Catalano s’inspire de sa propre expérience d’exil et de sa recherche de vie nouvelle. Sa quête ne se fera apparemment pas sans dommages, sans abandon, sans déchirure. Ses personnages semblent pulvérisés par la vie. Il leur reste leur cœur et leur « bagage » auquel ils s’agrippent, seuls ou parfois à deux, puisque l’ingénierie de l’œuvre en a besoin de maintenir la structure mais pas seulement… Décidément, la symbolique est forte.
Je reviens à Hegel : « D’une façon générale, le but de l’art consiste à rendre accessible à l’intuition ce qui existe dans l’esprit humain, […] C’est ainsi que l’art renseigne l’homme sur l’humain, …»
C’est aussi le propre d’un beau voyage, serais-je tentée de rajouter. A chacun son voyage : voulu, forcé, rêvé… vers le soleil, vers le froid, vers autrui, vers la culture et l’histoire, vers des paysages et des villes au-delà de l’horizon.
Aujourd’hui, les Voyageurs de Bruno Catalano font partie des plus prestigieuses collections privées en France comme à l’étranger et présentées dans les galeries de Paris, New York, Singapour, Cannes, Venise.
A Paris, vous pouvez voir ses quelques œuvres dans les galeries Bartoux et Medicis.
Julia Snegur
Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication
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