Si Kodiak désigne à la fois un archipel, une île, une ville, un crabe et un ours, c’est avant tout un condensé de ce que le 49ème des Etats Unis offre de meilleur.
L’archipel côtier est situé à environ 405 km au sud d’Anchorage, dans le golfe d’Alaska. Un ferry au départ de la jolie ville d’Homer, résidence de nombreux artistes, y conduit par exemple en une dizaine d’heures. Les résidents rendent la traversée très conviviale pour les rares touristes !
A l’arrivée, on découvre sur 13 890 km² de terres émergées une quarantaine de petits glaciers, de nombreux cours d’eau et des centaines d’espèces animales, terrestres ou marines. Kodiak est aussi l’Île Emeraude d’Alaska, très connue pour sa pluie, ses ours et pêches miraculeuses. La seconde plus grande île des Etats-Unis après Hawaï donna son nom à l’archipel. Avec 160 km de long et une largeur variant entre 16 et 96 km, on peut s’y promener longtemps sans croiser personne. Montagneuse, elle est couverte de forêts au nord et à l’est, un peu moins denses dans le sud. Ses baies et fjords profonds, libres de glace, permettent le mouillage des navires en hiver.
Les Amérindiens Alutiiques, présents sur Kodiak depuis 7 500 ans, vénéraient la force et la ruse des ours. Ils utilisaient leurs sentiers pour circuler à l’intérieur des terres et comptaient sur eux pour survivre. Cette interaction fut bien sûr bouleversée par l’arrivée en 1763 des premiers Européens, des Russes chasseurs et négociants en fourrure. Ceux-ci fondèrent la ville de Kodiak, capitale de l’Amérique russe de 1792 à 1799. Le patrimoine rappelant cette époque est soigneusement mis en valeur. L’office orthodoxe est toujours pratiqué dans l’église couronnée de bulbes bleus, reconstruite il y a quelques décennies.
Petit miracle voilé d’encens que ces icônes d’inspiration byzantine au pays de l’Oncle Sam ! Les collections du musée Baranov occupent pour leur part le plus vieux bâtiment en bois d’Alaska, autrefois dépôt et magasin pour le négoce de la fourrure. Elles voisinent avec celles de deux autres musées : l’Alutiiq Museum et le Kodiak Military History Museum. Avec un peu plus de 6 000 habitants, la ville de Kodiak regroupe aujourd’hui un peu moins de la moitié de la population de l’archipel.
L’île Kodiak est en grande partie une réserve naturelle nationale, National Wildlife Refuge sans route ni piste. Parmi les 250 espèces d’oiseaux recensées, des pygargues à tête blanche, mouettes tridactyles, sternes arctiques et de nombreux limicoles s’y reproduisent, pour le plus grand bonheur des photographes et ornithologues. L’archipel est aussi réputé pour ses espèces endogènes, notamment le crabe royal kodiak et surtout l’ours kodiak, sous-espèce de l’ours brun considérée avec sa cousine blanche comme le plus grand carnivore terrestre.
Les plus grands mâles peuvent atteindre 4 m de hauteur quand ils se lèvent sur leurs pattes arrière ! Pour une masse de 850 kg… Elle est en moyenne de 500 kg pour les mâles et moitié moindre pour les femelles. C’est que l’ours Kodiak, omnivore, se nourrit essentiellement de saumons riches en protéines et graisse. Chassée de façon raisonnée, la population plantigrade de l’archipel n’a jamais été aussi élevée et dodue. Elle est estimée à un peu plus de 3 500 individus. Une excursion de quelques heures en hydravion permet d’une part de survoler leur territoire à l’apparence vierge et inexplorée, d’autre part d’accéder à des sites privilégiés où voir des dizaines de ces bêtes puissantes, en pleine nature, à faible distance mais toujours respectueuse de leur essence sauvage.
L’activité économique de Kodiak repose sur le tourisme, l’exploitation forestière, l’élevage, de nombreuses conserveries et surtout la pêche, notamment au saumon, flétan et crabe.
La rivière Karluk est célèbre pour ses remontées de saumons sauvages. On pratique aussi la chasse au daim noir de Sitka, au cerf élaphe et aux chèvres sauvages, ainsi que la cueillette de baies en été et à l’automne : ronces remarquables, bleuets, différentes canneberges… Les promesses gastronomiques sont bien tenues ! En parfait contraste, le sud de l’île ouvert sur l’océan Pacifique est idéal pour le lancement de missiles balistiques et, sur certaines orbites, de satellites. En service depuis 1998, le Pacific Spaceport Complex-Alaska (PSCA) est une base de lancement à but militaire et commercial, disposant de deux pas de tir. L’île abrite également une grande base de l’US Coast Guard, l’Integrated Support Command Kodiak, mondialement connue car l’action du film Coast Guards (2006) avec Kevin Costner se déroule en partie là-bas !
Sébastien
Sébastien, notre cher collègue est passionné de voyages et d’écriture, il contribue notamment à la communication de Nord Espaces.
Inscrivez vous à la newsletter
Vérifiez votre boite de réception ou votre répertoire d’indésirables pour confirmer votre abonnement.
Article précédentConférence de Cédric Gras sur l'Antarctique Russe
Article suivantAprès la fin : Exposition de Francesca Piqueras