À bientôt, douce Silkeborg. Nous filons droit vers le Nord. Dans une station-service proche d’Aalborg, alors que je feuillète les magazines en lorgnant sur les confiseries locales, mon regard est attiré par trois jeunes gens déambulant dans les rayons. Le garçon marche d’un pas lourd, vêtu d’une robe moulante au profond décolleté. Sa voisine porte le haut d’un uniforme de policier avec menottes à la ceinture et mini-short. L’autre jeune fille ne porte pas grand chose sur le dos. Laissant volontiers son épouse se débrouiller avec les achats, un homme d’un certain âge n’en perd pas une miette. Je croise d’autres personnes habillées d’une bien étrange façon, dont un autre homme en robe. Est-ce une coutume locale ? Mais non… C’est le carnaval d’Aalborg bien sûr, le plus grand de Scandinavie ! Nous ne pourrons d’ailleurs pas visiter la ville en raison de la popularité de cet évènement. Nous risquerions d’être pris dans les embouteillages.
Notre prochaine étape est la ville d’Albæk. L’auberge est charmante. Située au premier étage, ma chambre dispose d’une terrasse. Je n’ai que le temps de déposer ma valise. Skagen, j’arrive ! Les paysages de bruyères, dunes et marais défilent jusqu’au port. Ce simple village de pêcheurs est devenu un des lieux de villégiature les plus connus du Danemark depuis qu’un groupe de peintres, réunis plus tard sous le nom d’école de Skagen, s’y installa à la fin du 19ème siècle. Le « Bienvenue à Skagen ! » de notre guide locale a dans ma tête la puissance d’un « Sésame, ouvre-toi »…
Les plus traditionnelles des célèbres et ravissantes maisons de pêcheurs sont jaunes, coiffées de toits en tuiles surmontés d’un liseré blanc. Les couleurs indiquaient le niveau de richesse du propriétaire. Tout est tellement propre et ordonné que cela pourrait en devenir oppressant. On est loin du quartier bohème de Christiania à Copenhague ! Mais cette pensée s’évanouit devant quelques touches de folie.
Notamment une installation a priori énigmatique dans un jardin : un long treillis chapeauté par la coque renversée d’un bateau, en fait un véritable sauna ! A l’horizon, nous pensons aussi voir une grue. Il n’en est rien. En nous rapprochant, la guide nous explique qu’il s‘agit d’un phare à bascule. Jadis, on remplissait la cage en fer avec du combustible auquel on mettait le feu. Une fois hissée en haut du mat, la cage incandescente brûlait toute la nuit.
Toute cette balade nous a ouvert l’appétit. Direction le restaurant De2have (« Les Deux Mers » en français) dont le nom fait bien entendu référence à Grenen, la toute proche pointe Nord du pays, où la mer du Nord et la Baltique se rencontrent et s’affrontent dans une lumière particulière, à donner envie à des peintres d’y fonder une colonie ! Le restaurant offre une vue grandiose sur les dunes et la mer.
Le propriétaire, l’un des plus grands sommeliers du pays, tient à proposer des produits locaux. Certaines herbes sont ainsi collectées à quelques pas du restaurant. Je me souviendrai longtemps du hareng dégusté là, d’une onctuosité presque irréelle, aussi fondant qu’un moelleux au chocolat.
Nous n’avons bientôt qu’une hâte : grimper à bord du Sandormen !! Mi-tracteur, mi-bus, l’engin mène au pied de Grenen en épargnant une longue balade à pied sur la plage. Je suis bientôt tout aussi pressée d’en descendre… Les deux mers se mêlent devant moi. Voilà donc le site mystérieux qui attira tant de peintres talentueux. J’enlève chaussures et chaussettes, relève mon pantalon et fonce dans l’eau pour tenir une promesse faite à ma professeur de danois : jouer comme tous les Danois à poser un pied dans le Kattegat, un autre dans le Skagerrak. Ouille, ouille, ouille…. L’eau est glaciale. Je tiens quelques minutes. Le sable ne m’a jamais paru aussi chaud et réconfortant qu’après ce bain de pieds !
C’est avec le bas du pantalon trempé et les pieds sablonneux, en forme d’hommage aux amoureux du lieu, que je visite le Skagen Museum consacré à la fameuse communauté d’artistes. La vie des pêcheurs, la lumière de Grenen, les feux de la Saint-Jean à Skagen…. Tout les inspira. Des toiles aux paysages, il n’y a qu’un pas à faire. Jusqu’à la dune de Råbjerg Mile par exemple, pour se projeter dans le petit Sahara danois…
C’est malheureusement la fin de mon voyage. Je quitte le pays sans lui faire mes adieux car, Danemark, je t’ai bel et bien dans la peau.
Emilie
Le Danemark au coeur (3/4) Silkeborg
A la découverte du Danemark
Sébastien
Sébastien, notre cher collègue est passionné de voyages et d’écriture, il contribue notamment à la communication de Nord Espaces.
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