« Quand partir à Saint-Pétersbourg ? Que faut-il voir absolument ? » demandent mes clients. Tout dépend du goût que vous souhaitez donner à votre voyage à Saint-Pétersbourg… En ce mois de mai 2017 nous avons atterri sous la neige à Saint-Pétersbourg ! De gros flocons humides se posaient sur le fuselage. Il ne reste plus rien du petit aéroport de Leningrad, remplacé par le grand et moderne aéroport de Saint-Pétersbourg. On me demande parfois si la Russie me manque ; cette même question, je l’avais posé il y a bien plus de 20 ans à quelqu’un qui vivait à l’étranger. La réponse m’a fait cogiter à l’époque : « je ne suis heureux que dans l’avion… Quand j’en ai marre du « bordel russe », je reviens en France et quand je suis fatiguée du « comme il faut » français, je reviens en Russie ».
L’une de mes occupations favorites, c’est de flâner en ville et d’humer l’ambiance d’un pays, pour percevoir d’où il vient, où il va… La Russie, par exemple, est en train d’exploser son compteur : après la chute de l’URSS il fallait « rattraper le retard » par rapport à l’occident et maintenant il ne faut pas déraper sur l’autoroute de la globalisation. Alors la question de la cohabitation des traditions et de la modernité se pose naturellement. Je vais donc marcher dans les rues de la cité des Tsars qui sait aisément vous faire ressentir davantage vos origines nobles ou vos origines populaires.
Saint-Pétersbourg, Petrograd, Leningrad et de nouveau Saint-Pétersbourg… L’histoire de la ville retrace celle du pays et l’architecture en fait la preuve. Je vous emmène avec moi au gré d’une promenade sans but précis, sans visite programmée, juste pour vivre une ville russe d’aujourd’hui.
Je commence par mon endroit secret où dans une ambiance cosy on sert du chocolat chaud bien épais qui vous fait tourner la tête de plaisir. Et puisque je suis en plein délit, j’ajoute une part de gâteau à la crème pour oublier complètement un conseil donné autre fois par une vieille et sage dame « mangez peu, les portes du paradis sont étroites ». Je n’irai probablement pas au paradis…
Je prends ensuite le métro où deux bombes ont explosé, il n’y a pas si longtemps. On peut aimer le métro de Saint-Pétersbourg qui a son odeur propre : elle réveille mes souvenirs couverts par de « si épaisses neiges ».
Des rames modernes croisent encore des rames « vintage » avec des banquettes populaires tout en longueur. Je les préfère : c’est plus mou et je me dis qu’une quantité incroyable de derrières se sont assis dessus, autant d’êtres humains avec leurs rêves, leurs angoisses, leurs secrets et leurs tripes serrées dans le ventre.
Plus loin j’arrive à l’entrée d’une usine où je prends un très mauvais café au distributeur pour me donner une légitimité à être là et observer les va-et-viens au point du contrôle. Pour faire passer le goût du café, je m’achète à la boulangerie 150 grammes des biscuits secs « Maria », autre fois mon repas de « midi » quand je sortais de la fac vers 17 heures.
Plus loin, je partage un banc avec un militaire, il y en a beaucoup dans le quartier. Ailleurs, je fume une cigarette pour la « conversation ». Qu’est-ce qu’il est froid ce mois de mai ! Surtout quand on est face à la Néva.
Je passe ensuite à l’église, emplie d’odeur de cire. Cela me fait penser à l’ouvrage « Souvenirs du parfumeur » qu’une cliente française m’a fait découvrir. L’auteur, son père en fait, d’origine russe, a œuvré notamment pour CHANEL n°5. Son livre est exceptionnel : personne n’a jamais expliqué mieux que lui l’odeur de la … « neige »…
Je finis devant la cathédrale de Smolny, l’une de mes alma mater pour reprendre l’expression de Rabelais. J’aime ce quartier excentré face à la Néva ; l’ambiance est plus paisible ici. L’Ambassade de Grand Bretagne occupe toujours ce joli hôtel particulier, les institutions régaliennes n’ont plus migré ailleurs. Comme avant la révolution (c’était alors l’Institut des études supérieures pour les jeunes filles nobles) une partie de l’ensemble architectural Smolny héberge aujourd’hui les trois facultés de l’Université de Saint-Pétersbourg : sociologie, sciences politiques et relations internationales.
Je n’ai plus de carte d’étudiant mais je connais le moyen d’y pénétrer en évitant un sévère check-point à l’entrée. Rien n’a changé ici depuis des siècles … toujours les mêmes couloirs, les mêmes salles, les mêmes bulbes dorés, les mêmes caves… oui, c’est dans une cave voutée de la cathédrale de Smolny que nous avons volé des livres avec mon professeur afin de sauver ce qui pouvait l’être face à l’Histoire : des tas de livres des bibliothèques soviétiques de Leningrad étaient entassés là et prêts à être brûlés. Comme au moment de la Révolution d’Octobre, « ils » étaient prêts à tout raser, brûler et oublier en changeant une idéologie pour une autre. Des sources inestimables allaient disparaître…
Nous faisions donc nos missions clandestines tous les soirs avec mon professeur. Le secret rapproche toujours les individus. Et quand je le voyais le lendemain avec des cernes autour des yeux je savais que non seulement il s’était couché tard, mais aussi qu’il s’était levé très tôt pour balayer les trottoirs pour quelques kopecks avant d’aller donner les conférences à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg. C’était un sale temps et on survivait comme on pouvait…
Une fois à l’intérieur de Smolny, je me balade dans les couloirs vides ; tout le monde est en cours.
Je regarde à travers les trous de serrure et je trouve enfin la bonne salle que je cherche. Je passe timidement ma tête, sans faire de bruit. L’attention des étudiants se déportent sur l’intrus et « mon » professeur se tourne vers moi… il lui faut quelques secondes pour me reconnaître. Tout à coup, il ferme son ordinateur, il m’adresse un large sourire complice et jette un regard sur ses auditeurs : « le cours est terminé, merci ».
Quel sera le goût de votre voyage à Saint-Pétersbourg ? Quand il faut partir à Saint-Pétersbourg? Si vous avez déjà la réponse il ne vous reste qu’à choisir votre voyage. Dans le cas contraire, je vous conseillerai au mieux en fonction de ce que vous attendez de votre voyage : beau temps ? La neige ? Été indien ? Riche programme culturel ? Riche programme gastronomique ? Une ambiance ou un silence ? Voici un petit exemple d’un voyage à Saint-Pétersbourg. Il n’y a pas que des vieux livres dans les caves de Saint-Pétersbourg ! L’un des plus anciens restaurants de Saint-Pétersbourg « Staraya Tamozhnya » se ré-ouvert sur l’île de Vassilevski dans les caves d’une bâtisse datant de bien avant de la révolution d’Octobre.
Julia Snegur
Responsable Développement et Communication
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