A l’occasion de la parution en français du livre Nevabacka – La Terre des promesses, son éditeur Paulsen, la librairie Borealia et le voyagiste Nord Espaces accueillirent son autrice le 14 décembre 2023 à Paris. Encore peu connue en France, la finlandaise Maria Turtschaninoff reçut plusieurs prix littéraires en Suède et en Finlande. Cette soirée à la librairie Borealia fut l’occasion pour une vingtaine de personnes de s’initier aux mystères de la taïga et d’offrir un livre dédicacé, avant même sa parution officielle en janvier 2024 !
Née à Helsinki en 1977, Maria fait partie de la minorité suédophone de Finlande et écrit en suédois. Elle vécut ainsi dès l’enfance entre deux mondes. Ses longs étés dans une cabane en forêt, sans eau ni électricité, mais avec des livres, stimulèrent son imagination. Au point qu’à cinq ans elle écrivait déjà des contes !
Maria fit ses premières armes en littérature dans le roman fantastique pour la jeunesse, avec notamment Chroniques de l’Abbaye Ecarlate (prix Finlandia Junior en 2014 – traduction française chez Rageot Editeur, 2017). L’écriture de Nevabacka – La Terre des promesses (prix Yle en 2022 – Paulsen, 2024) lui demanda pas moins de quatre années de travail. Son imagination s’y déploie dans un cadre naturel et historique rendu irréprochable grâce à une abondante documentation. L’œuvre de Maria fut plusieurs fois distinguée pour sa qualité, sa fantaisie lyrique et historique, pour les couleurs de ses personnages féminins. Se promener en forêt est toujours pour elle une expérience spirituelle, même si la citadine qu’elle est y craint parfois l’ours…
Nevabacka fait doublement voyager le lecteur : le roman l’entraîne dans une Finlande encore sauvage, une forêt prodigue en légendes nordiques, et dans le temps, en suivant l’histoire d’une famille finlandaise. Au XVIIe siècle, une terre d’Ostrobotnie est offerte à un soldat en récompense de ses bons et loyaux services. Il y construit sa ferme et en prend le nom, comme c’était alors l’usage. Pour les Finlandais de l’époque, la forêt était peuplée de nymphes, trolls et génies. Chaque parcelle de Nature était animée d’intentions. Renouant avec cet esprit, Maria se refuse à considérer la Nature d’un regard extérieur. Au point que la tourbière de Nevabacka est d’une certaine façon le personnage principal de son livre. Maria s’inscrit ainsi dans le courant de l’écologie humaine, qui prône une relation de bienveillance mutuelle entre l’être humain et la Nature, le premier n’étant pas seulement le parasite de la seconde !
Quatre siècles durant, les descendants du soldat gardent la ferme comme point d’ancrage, malgré les coups du sort, la guerre, la famine, les épidémies. Et une relation à la Nature peu à peu altérée par le christianisme, le capitalisme et l’inventaire rationnel du monde. Car certaines choses ne peuvent être nommées sans perdre leur magie ou, paradoxalement, leur identité. La Nature meurt aussi de la fin de notre capacité d’émerveillement ! Ce constat fait, que l’on ne s’y trompe pas. Empreint de réalisme magique, dans la lignée de Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, Nevabacka est aussi rempli d’amour entre les générations, entre l’homme et la Nature.
Si les forêts finlandaises ont beaucoup changé depuis le XVIIe siècle, les Finlandais gardent un rapport très particulier avec elles, au point que certains s’y sentent comme dans une église. Et que nombre d’entre eux s’y réfugièrent pendant la pandémie.
Les Editions Paulsen concrétisent le rêve de leur fondateur, amoureux des immensités nordiques, en publiant les récits de celles et ceux qui les parcourent, les aiment et veulent à la fois les faire connaître et les préserver. Nevabacka a donc toute sa place à la librairie Borealia, dans le quartier parisien de Belleville, où les amoureux du Nord et de la Mongolie savent pouvoir trouver conseils et pépites.
Nous avons tous été impressionnés par Matthieu Lecoq, homme-orchestre – violoncelle, piano, guimbarde…- dont la musique a parfaitement restitué l’esprit de Nevabacka. Jouant dans les salles les plus prestigieuses, ce passionné des cultures mongole et chinoise nous a aussi charmés par sa saisissante adaptation pour violoncelle d’une pièce inspirée des courses équestres du Naadam, festival le plus populaire de Mongolie. Et son chant de gorge ! Enfin, nos plus vifs remerciements à Janina pour avoir cuisiné une bonne partie de la journée et de la soirée précédente de délicieuses spécialités finlandaises. Tout le monde s’est régalé !
Sébastien
Sébastien, notre cher collègue est passionné de voyages et d’écriture, il contribue notamment à la communication de Nord Espaces.
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