C’est la Norvège, et non plus la Russie, qui est désormais le premier fournisseur de gaz naturel de l’Union Européenne. Le ministre du pétrole et de l’énergie norvégien, Terje Aasland, se réjouit en janvier 2023 de l’attribution de 47 nouveaux permis offshores d’exploitation pétrolière et gazière, vue comme une « contribution importante pour garantir que la Norvège reste un fournisseur de pétrole et de gaz sûr et prévisible pour l’Europe ». 29 forages dans la mer du Nord, 16 dans la mer de Norvège et deux dans la mer de Barents furent donc accordés. Le grand groupe énergétique contrôlé par l’État norvégien, Equinor (EQNR.OL), en est le premier bénéficiaire, avec des participations dans 26 permis, dont une position d’opérateur dans 18. TotalEnergies fait partie des 25 entreprises ayant reçu ces 47 licences. Parmi les autres sélectionnés, on trouve Aker BP, AS Norske Shell, ConocoPhillips, Harbour, INPEX-Idemitsu, Neptune, OKEA, OMV, PGNiG, Wintershall Dea…
Mais quelle stratégie poursuit donc l’Etat norvégien ?
Le défi de la Norvège est avant tout de préserver sa réussite économique. Son économie reposant pour l’essentiel sur l’industrie pétrolière, la construction navale et les activités maritimes, ses exportations ont dans l’ensemble un contenu technologique relativement faible. Dans leur analyse prospective datant de 2005, Erling Holmøy et Kim Massey Heide alertaient déjà sur les risques de déséquilibre entre les revenus (notamment ceux du pétrole, du gaz et du fonds souverain) et les dépenses contraintes (essentiellement la politique sociale de très haut niveau)… Le défi est en passe d’être relevé au détriment de certains secteurs d’activité. L’Etat norvégien fut par exemple longtemps partie prenante des entreprises d’élevage de saumon, comme dans le cas de la société CERMAQ dont il fut actionnaire majoritaire. Mais sa position a récemment radicalement évolué. En 2014, il céda sa part dans CERMAQ à MITSUBISHI CORPORATION. En septembre 2022, le gouvernement travailliste, désengagé des grandes entreprises du secteur, annonça instaurer une taxe de 40 % sur les « rentes de l’aquaculture » de la truite et surtout du saumon, au motif que celles-ci exploitent une ressource commune accordée par le biais de quotas : l’eau. Dans la foulée de cette annonce, les actions des géants du secteur comme MOWI, SALMAR et GRIEG SEAFOOD plongèrent de 20 à 30 % à la Bourse d’Oslo.
Cap sur le gaz et le pétrole
Conseiller politique et historien de la question pétrolière et gazière en Norvège, Bjorn Vidar Leroen est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’or noir de Norvège, dont en 1996 « TROLL: GAS FOR GENERATIONS », avec une préface du Ministre norvégien de l’industrie et de l’énergie à l’époque, Jens Stoltenberg, aujourd’hui Secrétaire Général de l’OTAN… Fier de son pays, Bjorn Vidar Leroen estime que la Norvège est désormais une pièce maitresse de l’architecture énergétique européenne, et un membre de l’OTAN parmi les plus influents, un positionnement qui « garantira aux générations norvégiennes à venir la sécurité, le développement et une place de choix en matière de politique européenne ». Pour suivre l’évolution de l’exploitation gazière et pétrolière, ainsi que les jeux d’acteurs, nous vous invitons à consulter ce site officiel.
Le musée du pétrole à Stavanger
Même si beaucoup de Norvégiens sont encore nostalgiques de l’époque d’avant l’exploitation du pétrole et du gaz, ses bénéfices ont rendu la critique difficile. L’or noir a métamorphosé le pays et il a bien mérité un musée dans le port de Stavanger. Ouvert le 20 mai 1999, celui-ci ressemble à une petite plate-forme pétrolière. Il propose un parcours historique et interactif sur le développement de cette industrie en Norvège, de la découverte du pétrole en mer du Nord aux technologies modernes de forage, sans oublier ses effets économiques et environnementaux. Une section est aussi consacrée aux énergies renouvelables et aux efforts nationaux pour réduire l’empreinte carbone.
La Norvège accorde désormais une grande importance à l’écologie et à la durabilité. Son opinion publique y est très sensible. De plus en plus décriée au niveau national et international, l’industrie de l’élevage du saumon en a fait les frais. Malgré sa dépendance historique à l’industrie pétrolière, la Norvège s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à devenir un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique. Sa politique environnementale ambitieuse encourage l’utilisation de véhicules électriques, promeut les énergies renouvelables, protége la biodiversité et réduit la pollution. La Norvège est championne de la voiture électrique avec 80% des ventes de véhicules neufs. Votre prochain road trip en Norvège se fera peut-être ainsi en véhicule électrique.
Connue des voyageurs du monde entier pour ses fjords, montagnes et glaciers spectaculaires, la Norvège soigne son image et son environnement en créant des parcs nationaux, en tentant de concilier écologie et développement économique, celui-ci plus que jamais lié au gaz et au pétrole.
Des fjords rien que des fjords
Julia Snegur
Responsable Développement et Communication
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