Entre des températures hivernales qui descendent jusqu’à moins 40°C et de longues nuits polaires, la Finlande est une grande consommatrice d’énergie : pour seulement 5,5 millions d’habitants, la Finlande compte 2 centrales nucléaires avec 4 réacteurs qui produisent 30 % de l’électricité du pays, plus un EPR (réacteur pressurisé européen) qui vient d’être mis en service.
Le choix du stockage géologique profond des matières radioactives
Le 16 avril 2023, la phase de test de l’EPR finlandais s’est officiellement terminée, faisant d’Olkiluoto-3 le premier réacteur pressurisé européen (EPR) construit par AREVA à être mis en service commercial en Europe. L’EPR produit désormais de l’électricité de manière continue et représente à lui seul environ 15 % de la production électrique du pays.
La Finlande, avec un esprit pragmatique et responsable, assume son allégeance à l’atome. Plus encore, elle prend ses responsabilités face à son choix du nucléaire et compte stocker le combustible usé de ses centrales dans une couche géologique profonde. Pas question de chercher à l’étranger un cimetière pour ses déchets nucléaires. Mais il fallait encore développer le schéma de conservation et maitriser la technologie associée au stockage des déchets radioactifs. L’objectif est de sécuriser et de cloisonner les déchets de la biosphère jusqu’à ce que la radioactivité résiduelle soit devenue inoffensive.
A partir de 2004, des études ont été menées dans un laboratoire souterrain de recherche pour conceptualiser ce stockage géologique profond de matières nucléaires. Le défi est majeur et une erreur de conception peut s’avérer gravissime. L’hydrométrie des stockages sous terre agit sur l’oxydation des matériaux. Chimiquement, cela conduit à produire des gaz comme de l’hydrogène et du méthane. Des scientifiques étudient depuis des années des différentes matières capables de contenir la nuisance radioactive des matières : granite, halite, argile, tuf volcanique… Les Finlandais ont opté pour le granite et l’argile.
Dix ans plus tard, les premiers travaux ont débuté et des galeries ont creusées à plus de 400 mètres de profondeur. La capacité de stockage envisagée se situe entre 6 500 et 9 000 tonnes. Selon les calculs de consommation et d’exploitation il faudra 100 ans pour que le site de stockage atteigne sa pleine capacité.
Le principe finlandais d’enfouissement des déchets nucléaires
A l’issue de ces études préliminaires, le gouvernement finlandais avait donné accord ; le centre du stockage d’Olkiluoto portera le nom de ONKALO. L’entreprise Posiva, en charge de ce projet et de sa réalisation, avait déposé une demande de permis de construire en 2012. La Haute autorité de sureté nucléaire finlandaise (STUK) avait émis un avis favorable et le site industriel devrait être livré en 2025.
Le processus se fera en plusieurs étapes : le combustible usé sera d’abord refroidi ; ensuite il sera descendu par des tunnels souterrains à plus de 400 mètres de profondeur dans une roche de granite de deux milliards d’années. Placées dans une coque en acier recouvertes de cuivre, les « cartouches » seront rangées dans des cavités tout au long de galeries sur le mode d’une cave à vin. De plus, elles seront enveloppées dans de la bentonite, une sorte d’argile très pâteuse qui crée une pellicule imperméable sur les parois de la cavité. Les ingénieurs assurent que ce procédé garantira une conservation et une protection des éléments radioactifs pendant 100 000 ans.
L’emplacement géographique du site finlandais du stockage des déchets nucléaires
Le choix s’est porté naturellement sur l’île d’Olkiluoto, à 40 km au sud de Pori, dans le golfe de Botnie à l’ouest de la Finlande. L’île abrite déjà trois réacteurs nucléaires. Géologiquement stable, avec des ressources suffisantes en eau et éloignée des agglomérations, cette île de la mer Baltique devient une forteresse en matière de sécurité : le fort nucléaire s’étend sur environ 6 kilomètres de longueur et 2,5 kilomètres de largeur pour une superficie d’environ 10 km2.
Factuellement, l’énergie nucléaire émet 70 fois moins de CO² que le charbon, 40 fois moins que le gaz, 4 fois moins que le solaire, 2 fois moins que l’hydraulique, et autant que l’éolien. Elle permet aussi envisager son utilité pour développer la filière hydrogène, espoir et surtout enjeu de sécurité énergétique pour les années à venir.
La Finlande comme de nombreux pays nucléaires (Suède, Japon, France, Etats-Unis) est placée face à une équation technologique complexe à résoudre consistant à assurer l’économie d’aujourd’hui et la sécurité de demain.
Julia Snegur
Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication
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