Sur les pas de Jean Sauvage à Arkhangelsk

Nos voyageurs à Saint-Pétersbourg connaissent bien la guide touristique Julia S. Récemment invitée à découvrir Arkhangelsk, elle nous a gentiment envoyé des photos de cette ville portuaire de 350 000 habitants, située à 735 km au nord-est de Saint-Pétersbourg. Quelle belle occasion d’évoquer Le voyage de Jean Sauvage en Moscovie en 1586, jalon important des relations franco-russes !

De Dieppe à Arkhangelsk, via le cap Nord et les îles Solovki

En mai 1586, deux ans après la fondation d’Arkhangelsk par Ivan le Terrible, Jean Sauvage quitta le port de Dieppe à bord d’un navire devant effectuer une prospection commerciale du Nord-Est russe. L’importance de l’expédition se résume ainsi : premier voyage d’un Français en mer Blanche et à Arkhangelsk, premier récit d’un Français à s’être rendu en Russie, première description des îles Solovki, premier traité de commerce et premier lexique « franco-moscovites »…

« Il faut partir à la fin du mois de mai ou à la mi-juin, pour le plus tard, et faire sa droite route pour aller quérir le cap Nord. »

« Vous y verrez un nombre de grosses îles toutes couvertes de neiges fort blanches, et il n’y a point d’ancrage ni d’habitants. Au temps que nous y étions, au mois de juin et de juillet à minuit, il faisait tout aussi clair au nord comme en plein midi au sud. »

Les bonnes affaires d’Arkhangelsk

Le navire marchand entra dans le port d’Arkhangelsk le 28 juin 1586, date encore mémorable pour la douane locale !

Jean Sauvage nous livre une belle description du monastère de l’Archange Michel, fondé au XIIe siècle par des moines de Novgorod à l’estuaire de la Dvina septentrionale : « Saint-Michel-Archange est un château fait de mas entrelacés et croisés, sans clou ni cheville, et c’est une œuvre si bien pratiquée, qu’il n’y a que redire, et ils n’ont qu’une seule hache pour faire leur ouvrage. Et il n’y a maître maçon qui puisse faire une œuvre qui est plus admirable qu’ils font. »

Jusqu’à la fondation de Saint-Pétersbourg en 1703, Arkhangelsk fut la seule place maritime commerçante de la Russie avec l’Europe.

« Nos marchands allèrent à terre pour parler au gouverneur et faire leur rapport, comme est la coutume en tout pays : l’ayant salué il leur demanda d’où ils étaient, et quand il sut que nous étions Français, il fut bien réjoui et dit à l’interprète qui les présentait qu’ils étaient les très bien venus, et prit une grande coupe d’argent et la dit remplir, et il fallut la vider, et encore, puis la troisième… Puis, il faudra boire encore à la santé du tsar, et c’est la coutume du pays. »

« En deux mois que nous y avons été, nous avons pu sortir plus de 250 grandes gabares toutes chargées de seigle, de sel, cuirs, cires et autres marchandises. »

A Arkhangelsk, Julia croisa par hasard Cédric Gras – écrivain que nous affectionnons particulièrement – suivi par une équipe d’ARTE. Un beau reportage en perspective ! L’émotion peut être partout présente en Russie, même loin de Moscou et de Saint-Pétersbourg.

Le grand tour des lieux symboliques ou mythiques de la Russie du Nord Pskov, Novgorod, Kiji, Arkhangelsk, Solovki…